En 2016, la valeur ajoutée brute par actif agricole a diminué de 8,4 %

Publié le par Michel Sorin

 

L’Insee a publié le compte provisoire de l’agriculture en 2016

 

Depuis trois ans, le monde agricole ne tourne pas rond. Les prix payés aux agriculteurs ne sont pas suffisants pour leur assurer le minimum de revenu. Afin de remédier à cette situation, le nouveau ministre de l’agriculture organise les Etats généraux de l’alimentation.

 

Voir cet article publié ce 18 juillet sur le site Agrisalon.com : Réconcilier une filière éclatée

L'objectif des États généraux de l'alimentation, annoncés par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, est de permettre le partage équitable de la valeur ajoutée des produits alimentaires entre agriculteurs, industriels et grande distribution, tout en faisant la promotion d'une alimentation saine, sûre et durable. Car depuis trois ans, la crise s'acharne sur le monde agricole qui ne parvient plus à vivre de son travail. L'an dernier, la moitié des agriculteurs ont gagné moins de 350 euros par mois, selon la MSA, tandis que la contribution du secteur au Produit intérieur brut français chutait de 8,4 %, selon l'Insee.

 

Le 6 juillet 2017, l’Insee publiait les Comptes de l'agriculture en 2016 et ce communiqué de presse :

Bien comprendre les comptes de l’agriculture

L’Insee publie aujourd’hui le compte provisoire de l’agriculture en 2016. Les tendances présentées en décembre dernier, lors des premières estimations, se confirment. L’Insee rappelle que ces chiffres rendent compte du revenu de l'activité agricole dans son ensemble, et ne doivent pas être interprétés comme le revenu des agriculteurs. La différence d’interprétation est de taille ; elle est explicitée ci-après.

 

Les grandes tendances du compte provisoire de l’agriculture en 2016

La valeur de la production agricole se réduit nettement de 6,6 %. La chute des volumes

s’accompagne d’une baisse des prix. Dans le détail, la valeur de la production végétale chute (- 8,7 %) en raison principalement des très mauvaises récoltes en grandes cultures et en vins. Ainsi, la récolte de céréales chute de 25,2 %, sous l’effet de conditions météorologiques très défavorables ; les rendements sont ainsi les plus faibles depuis trente ans.

Le recul de la production animale (- 4,3 % en valeur) est principalement dû à celui des prix. Les charges des agriculteurs diminuent pour les principaux postes (aliments pour animaux, énergie, engrais). Leur baisse ne suffit toutefois pas à compenser celle de la production.

Par conséquent, la valeur ajoutée, c'est à dire la richesse créée par l'activité agricole, recule nettement. Exprimée au "coût des facteurs", c'est à dire après prise en compte des subventions d'exploitation et déduction faite des impôts sur la production, la valeur ajoutée brute par actif recule de 8,4 % en termes réels ; si on prend en compte la dépréciation du capital, la valeur ajoutée par actif recule de 12 % en termes réels, on parle alors de valeur ajoutée nette. 

 

Bien comprendre ces chiffres et ces tendances

On parle de « valeur ajoutée au coût des facteurs » ou de « revenu des facteurs de la branche agricole » mais ce n’est pas le revenu de l’agriculteur. Il s’agit bien d’un « revenu » au sens où il vient rémunérer le travail et le capital mobilisés par l'agriculture en tant qu'activité économique. Il n’est tiré que de la seule activité de production agricole. Or les agriculteurs peuvent tirer des revenus d’autres activités non agricoles (ex : chambre d’hôtes, vente sur les marchés). De plus, le revenu mesuré dans le compte de l’agriculture ne sert pas seulement à rémunérer l’agriculteur. Il peut également être utilisé pour payer les rémunérations des salariés, rembourser les emprunts, assumer les charges locatives (ou fermages) ou contribuer à l'autofinancement du développement de l'exploitation.

Les comptes de l’agriculture constituent une déclinaison au niveau fin de l’agriculture des comptes de la Nation publiés par l’Insee avec certaines spécificités. L’institut publie également les comptes des services, les comptes du commerce et les comptes de l’industrie.

 

L’agriculture en 2016, par Guillaume Lubatti, Hélène Casset-Hervio et Didier Reynaud

En 2016, la valeur de la production agricole se réduit nettement : la chute des volumes s’accompagne d’une baisse des prix.

La valeur de la production végétale fléchit fortement (– 8,7 %), dominée par le repli des volumes (– 8,9 %). En revanche, le recul de la production animale (– 4,3 % en valeur) est principalement dû à celui des prix (– 3,4 %). Dans le même temps, les charges des agriculteurs diminuent, et ce pour tous les principaux postes. Leur baisse ne suffit toutefois pas à compenser celle de la production. Par conséquent, la valeur ajoutée de la branche agricole recule nettement. L’emploi agricole continue par ailleurs à décroître. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif se replie de 8,4 % en termes réels.

Le compte de l’agriculture présenté ici décrit les performances de l’agriculture en tant qu’activité économique. Est estimée notamment la richesse créée par cette activité, augmentée des subventions et nette des impôts au titre de son exercice. Ce résultat est qualifié de valeur ajoutée brute au coût des facteurs. Il peut aussi être exprimé net de la dépréciation du capital. Il est alors appelé revenu des facteurs de la branche agricole, au sens où il vient rémunérer le travail et le capital mobilisés par cette activité économique.

Sommaire

  1. La valeur de la production agricole chute

  2. Production végétale : la récolte baisse fortement, les prix fléchissent

  3. Production animale : les volumes se replient, les prix baissent à nouveau

  4. La baisse des dépenses en intrants s’accentue

  5. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est en net repli

 

Cet article est le 391ème paru sur le blog CiViQ - le 122ème en catégorie Agriculture Alimentation

En 2016, la valeur ajoutée brute par actif agricole a diminué de 8,4 %
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