CiViQ contribue à la réflexion politique : Alain Gély et le nouveau CNR

Publié le par Michel Sorin

Qui pour porter ce ressaisissement national, républicain, laïque et social ?

 

La lecture de l’article Stupeur et tremblement (Jacques Sapir, 26 mai 2014) a été féconde. Alain Gély s’en est inspiré pour imaginer ce que pourrait être un nouveau CNR (voir le premier article publié sur le blog CiViQ, le 16 janvier 2014 : Les jours heureux, film de Gilles Perret : résistants et reconstructeurs

Le problème de la reconstitution d'un "nouveau CNR" est plus que jamais d'actualité mais il est double :

- idéologiquement, ce thème semble daté (mais après tout, les Renaissants des XVème-XVIème siècles et les Révolutionnaires de 1789 se sont bien référés à l'Antiquité grecque  ; il y a d'autres exemples de ressourcements rénovateurs...) Le lendemain de la guerre de 1914-44 a permis des progrès importants (Déclaration des droits de l'homme, Charte de La Havane,...) malheureusement vite digérés par l'impérialisme américain, dévoyés par le stalinisme et enlisés dans la guerre froide.

- SURTOUT, politiquement : on voit mal, aujourd'hui, quelles forces politiques peuvent aujourd'hui incarner ce ressaisissement national, républicain, démocratique, laïque et social que le peuple français semble bien appeler de ses voeux mais qui est détourné et stérilisé par le FN, à la grande satisfaction des maîtres de la finance mondialisée...

 Sur le second point, j'en vois sept, d'inégales audiences et de cohérences (ou d'incohérences) diverses :

- le Front de gauche, pas assez patriote (ou trop clivé quand il exprime quelques velléités de patriotisme républicain)

- le MRC, trop lié au PS électoralement et trop dépendant d'une personnalité

- DLR, trop à droite (pas intéressé par le thème primordial de l'égalité et du progrès social)

- le M'PEP, CiViQ, le PRCF et l'UPR pas assez visibles.

Il y a aussi des regroupements hors partis (Résistance sociale, Mémoire des Luttes,...) quelques électrons libres, notamment parmi les intellectuels : Frédéric Lordon, Jacques Sapir, Coralie Delaume, Aurélien Bernier, André Bellon, Bernard Cassen, Régis Debray... Et des écologistes ou gauchistes qu'on ne doit pas tous jeter. Malheureusement pas de syndicalistes organisés à ma connaissance. J'ajouterai, avec prudence, peut-être des patriotes séduits par le nouveau discours "républicain" du FN comme certains patriotes s'égaraient chez Maurras dans les années 30 mais ont fait le bon choix en 1940 (je ne saurais citer de noms mais ils se révèleront peut-être si une dynamique se crée).

Il me semble que le MRC peut jouer un rôle pour créer ce que Sapir appelle un "moment Chevènement" : ce mouvement est en effet, semble-t-il, le seul qui puisse aujourd'hui jeter des ponts dans trois directions décisives : les gaullistes pas trop à droite ; la gauche critique pas trop sectaire et pas trop perdue dans un internationalisme théorique et rhétorique ; les socialistes sains (désolé, c'est le mot qui me vient à l'esprit ; disons "récupérables" si vous préférez) : Marie-Noëlle Lienemann, Liem Hoang-Ngoc, d'autres sans doute...

Ces rapprochements, qui n'ont pas été possibles en mars 1983, ni après septembre 1992 ni en 2001-2002, ni après Mai 2005, faute d'un sentiment de crise démocratique "suffisant", peuvent le devenir avant que les vraies catastrophes qui se profilent ne surviennent.

Voir aussi Réseau CiViQ propose un préalable à la reconstruction européenne (blog CiViQ, 12 mars 2014)

 Cet article est le 110ème paru sur le blog CiViQ et le 6ème dans la catégorie Civiq Orientations 

Publié dans CiViQ orientations

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