Elections sénatoriales 2014 : la droite redevient majoritaire, le FN entre
La droite a reconquis ce dimanche la majorité au Sénat qu’elle avait perdue en 2011*. Voir Les Echos, Elsa Freyssenet, 28 septembre 2014 : Le Sénat bascule à droite
C’était programmé ; le coup symbolique n’en est pas moins avéré. La gauche a perdu ce dimanche la majorité au Sénat qu’elle détenait depuis 2011. C’est une conséquence directe de sa déroute aux municipales de mars puisque 95 % des grands électeurs qui ont désigné les sénateurs sont issus des conseils municipaux. Mais c’est la troisième défaite électorale en six mois pour le camp gouvernemental, après les municipales, donc, et les européennes. Et elle s’accompagne d’un autre symbole non moins dévastateur : l’arrivée au Sénat, pour la première fois sous la Ve République de deux élus du Front national (…)
Selon des résultats portant sur 344 des 348 sièges du Sénat, la droite et le centre totalisent 187 élus, soit 12 de plus que la majorité absolue (175). Une majorité confortable qui résulte d’une bonne progression de l’UMP (une quinzaine de sièges en plus) et d’une jolie poussé centriste. Avec une petite quarantaine d’élus, ces derniers forment un groupe charnière, faiseur de majorité. Il reviendra à l’UMP de choisir le futur président de la Haute Assemblée, lors d’une primaire interne mardi, avant l’élection officielle au « Plateau » mercredi.
Le PS perd la Corrèze
Outre l’élection dès le premier tour de scrutin de personnalités UMP telles Jean-Pierre Raffarin (Vienne) ou François Baroin (Aube), la droite a enregistré quelques victoires significatives. Elle emporte les deux sièges de Corrèze, terre d’élection du chef de l’Etat dont le conseiller Bernard Combes a été battu. Elle prive le président des Radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet, de son siège. Elle ravit le Territoire de Belfort, bastion de la gauche depuis 1980 (Jean-Pierre Chevènement ne se représentait pas). Elle remporte les deux sièges de Haute-Saône, avec la victoire de l’ex-ministre UMP, Alain Joyandet, sur le vice-président de la Commission des lois, Jean-Pierre Michel. Elle empêche l’ex-ministre PS Thierry Repentin de reconquérir son siège en Savoie.
Si ses conséquences sont limitées, le basculement du Sénat à droite ne sera pas sans effet. Il interdit désormais à l’exécutif toute modification de la Constitution en Congrès. Il rend également difficile à faire passer toute loi organique (qui doit être votée dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat). Et pour toutes les autres lois, le Sénat ne peut certes pas empêcher leur adoption (l’Assemblée a le dernier mot), mais il peut, s’il le désire, ralentir considérablement leur adoption. Or le gouvernement, en manque de résultats, a besoin d’aller vite.
- Dans la Mayenne, sans surprise, c’est Elisabeth Doineau (UDI) qui a été élue au premier tour avec 65% des voix, succédant au centriste Jean Arthuis, démissionnaire.
- Dans le Territoire de Belfort où Jean-Pierre Chevénement, ne se représentait pas, c’est l’UMP Cédric Perrin qui a été élu.
Voir aussi, sur le site Slate.fr : La droite majoritaire, deux sièges pour le FN... Ce qu'il faut retenir des élections sénatoriales
A noter, le communiqué de Jean-Luc Laurent, Président du MRC et député du Val-de-Marne, dimanche 28 septembre 2014 sous le titre : Sénat : le chemin de croix de la gauche au pouvoir
S'il y a eu un changement de Premier Ministre, il n'y a pas eu de changement de cap. L'absence prévisible de résultats de la politique choisie par François Hollande condamne la gauche à aller d'échec en échec et risque de transformer ce quinquennat en chemin de croix.
Ce soir, trois années de majorité de gauche au Sénat se terminent. La conquête historique de septembre 2011 n'a apporté que des fruits amers et s'inscrit dans la lignée des occasions manquées pour la gauche. Le Sénat d'opposition a été attentiste, le Sénat majoritaire est vite devenu protestataire. C'est une régression pour la gauche qui, depuis 1981, a su conquérir les différentes institutions de la cinquième République. Après ces trois années perdues, il faudra tirer toutes les leçons de cet échec.
A l'occasion de ces élections sénatoriales, Jean-Pierre Chevènement ne briguait pas un nouveau mandat. En un mandat unique, il a su montrer ce que pouvait faire un sénateur, dans l'opposition puis dans la majorité. Ce mandat s'inscrit dans la lignée de son action politique qui est empreinte de responsabilité et de profondeur d'analyse. Jean-Pierre Chevènement manquera au Sénat mais sa grande voix libre continuera à s'exprimer en citoyen.
* C’était prévu. Voir Renouvellement de la moitié du Sénat dimanche 28 septembre 2014
Cet article est le 177ème paru sur le blog CiViQ et le 30ème dans la catégorie France