Le système alimentaire français devra répondre de ses coûts sociétaux

Publié le par Michel Sorin

Le Bureau d'analyse sociétale d'intérêt collectif (Basic) évalue ses impacts

Ce 18 décembre 2024, le Mouvement Agricole Rural et Solidaire MARS a reçu, par visio-conférence, le responsable du Basic, Christophe Alliot.

Le BASIC Bureau d'analyse sociétale d'intérêt collectif est une coopérative (SCIC) spécialisée dans l’analyse des impacts - sociaux, sanitaires et écologiques - des modes de production et de consommation sur la société et l’environnement, en particulier dans l’alimentation et l’agriculture.Sa raison d'être : relier les différentes pratiques de consommation et de production aux impacts qu’elles génèrent pour éclairer les choix des citoyens, des professionnels et des décideurs publics.

Alors que la crise agricole reprend de l’ampleur, le BASIC présente son dernier travail de recherche, portant sur le système alimentaire français.

Le système alimentaire français a généré en 2021 plus de 358 milliards d’euros de chiffre d’affaires, pour des bénéfices de l’ordre de 30 milliards d’euros. Au-delà de la réputation de sa gastronomie et de l’envergure internationale de quelques-unes de ses entreprises, régulièrement mises en avant par les institutions, le système alimentaire français s’accompagne dans son fonctionnement de multiples impacts négatifs : sous-rémunération d’une majorité d’agriculteurs et agricultrices, précarité des employé(e)s de l’industrie agroalimentaire et de la distribution, effets néfastes sur l’environnement, explosion de l’obésité et du diabète…

À la racine de ces maux se trouve la course aux volumes enclenchée dès l’après-guerre. Cette maximisation des volumes est au cœur d’un double phénomène :

  1. en amont, des matières premières 
de plus en plus indifférenciées 
et substituables

  2. en aval, une différenciation par le marketing

Cette situation a produit une concentration croissante du secteur à des maillons clés (fourniture d’engrais/semences/pesticides, transformation, distribution), conférant un fort pouvoir de négociation à un nombre réduit d’acteurs.

Ces acteurs ont créé un modèle économique qui s’appuie sur des matières premières indifférenciées, une concurrence par les prix et le marketing. En France, 
ce modèle représente 92 % de la valeur 
des ventes de produits alimentaires. Il pressurise systématiquement le maillon agricole.

Notre étude démontre les liens entre ces modèles et la majeure partie des impacts sociaux et écologiques constatés.

Elle met également en lumière le rôle de la puissance publique, qui verse plusieurs dizaines de milliards d’euros par an pour tenter d’atténuer ces impacts négatifs et pour soutenir les modèles qui les créent. Les pouvoirs publics ont dépensé 
19,1 milliards d’euros en 2021 pour tenter d’atténuer les impacts sociaux et écologiques du système alimentaire. Ils ont également dépensé 48,4 milliards d’euros pour soutenir le système alimentaire français. 83 % de ces soutiens publics ont bénéficié aux acteurs du modèle caractérisé par la maximisation des volumes, la faible valorisation des matières premières et la différenciation par le marketing.

L’ensemble des coûts sociétaux pris en charge du système alimentaire français représentait donc a minima 67,5 milliards d’euros en 2021.

L’importance de ces montants montre néanmoins que les pouvoirs publics disposent de leviers pour agir et améliorer notre système alimentaire.

« Avec ce travail de recherche, nous avons tenté de lever le voile sur le fonctionnement de notre système alimentaire et sur les liens entre les modèles économiques dominants et les impacts sociaux, sanitaires et écologiques auxquels nous sommes exposés. Nous avons également évalué dans quelle mesure les dépenses publiques alimentent ce système (avec un coût croissant pour le contribuable), afin de nourrir le débat sur une autre allocation des deniers publics, dans le sens d’un système alimentaire plus vertueux. »
 

Cet article est le 547ème paru sur le blog CiViQ - le 163 ème en catégorie Agriculture Alimentation

Article paru le 18 décembre 2024 sur http://civiq.over-blog.com

Photo : Christophe Alliot, le 18 décembre 2024, lors de la visio-conférence de MARS, le Mouvement Agricole et Rural Solidaire

Photo : Christophe Alliot, le 18 décembre 2024, lors de la visio-conférence de MARS, le Mouvement Agricole et Rural Solidaire

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