A Plessé (44), la commune a mis en place une Politique agricole (Pac)

Publié le par Michel Sorin

Depuis 2020, autant d'installations que de départs d'agriculteurs (26)

Le quotidien Ouest-France (Claire Robin) a souligné récemment (14 février 2025, 18 février pour l'édition papier) qu'une commune de Loire-Atlantique (Plessé, pays de Redon) a lancé en 2020 sa politique agricole communale (Pac), en clin d'oeil à la Politique agricole commune (Pac européenne). C'est une initiative très intéressante, qui pourrait être reprise par d'autres communes, à l'issue des prochaines élections municipales en mars 2026.

Voir Dans cette commune de l'Ouest, quand un agriculteur prend sa retraite, un autre s'installe.

Parce qu’ils avaient à cœur de garder leurs agriculteurs, les habitants de Plessé, en Loire-Atlantique, ont lancé leur propre « Politique agricole communale », facilitant le renouvellement à la tête des exploitations.

Il n’y a pas qu’à Bruxelles qu’on parle de Pac. En Loire-Atlantique, une commune a lancé, en clin d’œil à l’acronyme de la « Politique agricole commune » européenne, sa petite Pac à elle.

La démarche a été initiée il y a cinq ans, à Plessé, près de Redon. Elle émane d’un collectif d’habitants. « On s’est rendu compte que ce qui nous importait surtout, c’était notre alimentation et notre agriculture, raconte Aurélie Mézière, maire de cette commune de 5 400 âmes. Alors, on s’est emparé du sujet, même si au début on nous a un peu ri au nez. »

Avec 48 des 133 agriculteurs âgés de plus de 55 ans, l’enjeu du renouvellement à la tête des fermes s’est vite imposé comme une priorité. Ici, le plus gros employeur, c’est le monde agricole, devant l’Ehpad et la municipalité.

Autant de départs que d’installations

Concrètement, la commune, accompagnée par la société Cap 44, qui soutient l’agriculture paysanne, s’est positionnée comme une facilitatrice. Organisant des « cafés installations » et une journée du patrimoine agricole, frappant aux portes des futurs retraités, créant des ponts entre des visions de l’agriculture et des générations parfois trop éloignées. Le travail a payé : depuis 2020, il y a eu à Plessé 26 départs à la retraite… et 26 installations, dont une moitié d’éleveurs environ. Une remarquable performance pour un investissement limité (12 000 €), loin de la tendance observée au niveau national où, chaque année, depuis 2015, 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité, tandis que 14 000 s’installent.

À trois reprises, la commune a fait valoir son droit de préemption pour installer des agriculteurs plutôt que de voir les fermes s’agrandir. Elle s’est opposée à des intentions purement spéculatives, bien qu’ici, les terres soient moins chères qu’ailleurs (2 410 € l’hectare contre 4 060 € en Pays de la Loire). « La Safer (Société d’aménagement du foncier rural), ensuite, a suivi, car le soutien de la commune apportait du crédit au candidat à l’installation », explique Rémi Beslé, adjoint à la maire et agriculteur.

La cantine en régie

Plessé a aussi repris la main sur sa cantine, qui sert 430 repas par jour, auparavant confiée à un prestataire, filiale d’Elior. Deux agents ont été recrutés.

Aujourd’hui, pain, bœuf, légumes et de nombreux produits laitiers viennent d’exploitations bio de la commune. Mais malgré cela, les prix ont été relativement maîtrisés. 19 centimes de hausse par repas, soit moins qu’observé dans de nombreuses cantines pour faire face à l’inflation. « On a joué sur tous les leviers : lutte contre le gaspillage, optimisation de la cuisson, meilleur matériel… explique Aurélie Mézière. On est à 63 % d’approvisionnement bio et local mais notre souhait c’est d’atteindre 100 %. » Quitte à se passer, à terme, de fruits exotiques ou de cacao !

Demain, la commune, où devrait aussi ouvrir une boutique de producteurs, n’exclut pas d’aller encore plus loin : repas pour la maison de retraite ou du portage à domicile, ouverture de la cantine aux habitants les jours où il n’y a pas d’école… « On cherche toujours des pistes pour nous rendre plus résilients. On ne peut pas rester là à se lamenter », estime Rémi Beslé, qui admet que l’initiative a pu soulever des réticences.

Aujourd’hui, la relève est bien là et elle perpétue un goût pour le travail en réseau. « Je ne peux pas vous dire combien de personnes ont pu m’aider quand je me suis lancée », souligne Anne Michel. C’était en 2022. La parcelle où elle devait s’installer avait failli devenir un terrain de loisirs, mais grâce à la « Pac » plesséenne, l’horticultrice y fait aujourd’hui pousser ses fleurs.

Voir aussi (France Culture, Radio France, Catherine Petillon, 26 février 2024) : À Plessé (44), une politique agricole communale pour favoriser les installations d'agriculteurs

Et (Histoires ordinaires) : Rémi Beslé, défenseur de la PAC… politique agricole communale
 

Cet article est le 577ème paru sur le blog CiViQ - le 164ème en catégorie Agriculture Alimentation

Article paru le 25 février 2025 sur http://civiq.over-blog.com

Rémi Beslé, agriculteur et premier adjoint à la maire de Plessé (Loire-Atlantique)

Rémi Beslé, agriculteur et premier adjoint à la maire de Plessé (Loire-Atlantique)

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