L'allocution télévisée d'Emmanuel Macron le 5 mars a capté l'attention
La Russie est devenue une menace pour la France et pour l'Europe
Les Français ont regardé la télévision hier à 20 h. Le président de la République s'adressait à eux avec l'intention de marquer les esprits. Car le moment est venu pour la France et l'Europe de s'organiser face à la Russie, qui livre une guerre en Ukraine et pourrait ne pas s'arrêter là.
L'élément nouveau est le retournement d'alliance opéré par les Etats-Unis d'Amérique au détriment de l'Ukraine et au bénéfice de la Russie. C'est ce qui conduit les pays européens, membres de l'Union européenne mais pas seulement, à penser une stratégie désormais sans les USA, même s'ils souhaitent que l'Alliance atlantique continue d'exister.
Voici ce qu'a dit Emmanuel Macron en s'adressant aux Français le 5 mars à 20h depuis le Palais de l'Élysée, en retenant l'extrait portant sur l'Ukraine et la Russie.
(...) La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de trois ans. Nous avons dès le premier jour décidé de soutenir l’Ukraine et de sanctionner la Russie et nous avons bien fait car c’est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté, mais c’est aussi notre sécurité qui est menacée.En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe alors personne ne peut plus être sûr de rien, et c’est la loi du plus fort qui s’applique et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même. L’Histoire nous l’a enseigné.
Au-delà de l’Ukraine, la menace russe est là et touche les pays d’Europe. Nous touche.
La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial. Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens et des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s’armer davantage. La Russie du Président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie et en Moldavie. Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux, pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions, avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux. Et au fond, elle teste nos limites et elle le fait dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans.
Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières : et la Russie dans le même temps continue de se réarmer, dépensant plus de 40% de son budget à cette fin. D’ici 2030, elle prévoit encore d’accroitre son armée, d’avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars et 300 avions de chasse de plus.
Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ?
La Russie est devenue au même ou je vous parle et pour les années à venir une menace pour la France et pour l’Europe. Je le regrette très profondément et je suis convaincu qu’à long-terme la paix se fera sur notre continent avec une Russie redevenue apaisée et pacifique, mais la situation que je vous décris est celle-là et nous devons faire avec.
Face à ce monde de dangers, rester spectateurs serait une folie. Il s’agit sans plus tarder de prendre des décisions pour l’Ukraine, pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens.
Pour l’Ukraine d’abord. Toutes les initiatives qui aident à la paix vont dans le bon sens et je veux ce soir les saluer. Nous devons continuer d’aider les Ukrainiens à résister jusqu’à ce qu’ils puissent négocier avec la Russie une paix solide pour eux-mêmes et pour nous tous. C’est pour cela que le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l’abandon de l’Ukraine, bien au contraire. La paix ne peut pas être conclue à n’importe quel prix et sous le diktat russe.
La paix ne peut être la capitulation de l’Ukraine.
Elle ne peut pas être son effondrement. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile. Et pourquoi ? Parce que là aussi nous avons l’expérience du passé. Nous ne pouvons oublier que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine en 2014, que nous avons alors négocié un cessez- le-feu à Minsk et la même Russie n’a pas respecté ce cessez-le-feu et que nous n’avons pas été capable de les maintenir faute de garanties solides. Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole.
L’Ukraine a droit à la paix et à la sécurité pour elle-même et c’est notre intérêt, l’intérêt de la sécurité du continent européen.
C’est en ce sens que nous travaillons avec nos amis britanniques, allemands et plusieurs autres pays européens. C’est pourquoi vous m’avez vu ces dernières semaines rassembler plusieurs d’entre eux à Paris, aller les retrouver il y a quelques jours à Londres, pour consolider les engagements nécessaires à l’Ukraine. Une fois la paix signée, pour que l’Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie, il nous faut le préparer.
Cela passera à coup sûr par un soutien à l’armée ukrainienne dans la durée. Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes. Celles- ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elles n’iraient pas se battre sur la ligne de front, mais seraient là au contraire une fois la paix signée pour en garantir le plein respect.
Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d’état majors des pays qui souhaitent prendre leur responsabilité à cet égard. C’est ainsi un plan pour une paix solide, durable, vérifiable que nous avons préparé avec les Ukrainiens et plusieurs partenaires européens et que j’ai été défendre aux Etats-Unis il y a 15 jours et à travers l’Europe. Et je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés : mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas.
Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non, les Etats européens doivent compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Oui quoi qu’il advienne, il nous faut nous équiper davantage, hausser notre position de défense et cela pour la paix même, pour dissuader.
A ce titre, nous restons attachés à l’OTAN et à notre partenariat avec les Etats Unis d’Amérique, mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance, en matière de défense et de sécurité. L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou.
Et oui, la menace revient à l’est et l’innocence en quelque sorte des trente dernières années depuis la chute du mur de Berlin est désormais révolue.
Cet article est le 585ème paru sur le blog CiViQ - le 83ème, catégorie France
Article paru le 06 mars 2025 sur http://civiq.over-blog.com
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