Réflexions de Gérard Beillard en concertation avec des retraités 53

Publié le par Michel Sorin

 

Agir pour l’émancipation, la santé et l’autonomie des retraités

 

Gérard Beillard  m’a transmis un texte de réflexion concernant les retraités. Il l’a rédigé après concertation avec les membres du groupe CGT 53 de retraités.

Voici ce texte, avec les titres suivants :

1- Agir pour développer les capacités humaines induites par l’allongement de la vie

2- Agir pour l’émancipation des travailleurs et des retraités

3- Agir pour de nouvelles solidarités contre les campagnes d’opposition entre générations

4- Agir pour le droit à la santé et à l’autonomie des retraités, actuels et futurs

5- Agir pour une bonne utilisation du numérique

 

1- Agir pour développer les capacités humaines induites par l’allongement de la vie

 

Face à cette situation inédite - trois groupes, à peu près égaux : les jeunes en formations, la population engagée dans une activité professionnelle, les retraités - la société doit trouver le chemin solidaire, permettant le mieux être de tous. Elle doit agir pour permettre à chacun de pouvoir rester citoyen, de bâtir un projet de vie, jusqu’aux âges les plus avancés, et de s’engager dans des activités, sociales, culturelles et loisirs, contribuant ainsi à développer l’économie.

 

2- Agir pour l’émancipation des travailleurs et des retraités

 

Eviter la rupture lors du départ en retraite, en anticipant la transformation du rapport au travail et en permettant de se projeter vers d’autres formes de vie possibles.

 

3) Agir pour de nouvelles solidarités contre les campagnes d’opposition entre les générations

 

Des campagnes médiatiques et politiques visent à opposer les générations. Elles veulent faire porter en partie par les retraités la responsabilité de la crise économique et du financement des régimes sociaux.

La réalité est tout autre. Environ 800.000 retraités vivent sous le seuil de pauvreté, 17% des retraités perçoivent moins de 650 euros par mois, 500.000 retraités n’ont que l’allocation aux personnes âgées (ex minimum vieillesse).

La moyenne des pensions pour l’ensemble des retraités en 2013 était de 1300 euros (900 euros pour les femmes et 1640 euros pour les hommes). En incluant les majorations de pension pour 3 enfants et les droits dérivés qui concernent essentiellement les femmes, on parvient à un total de 1450 euros par mois (1280 pour les femmes, 1710 pour les hommes).

De nombreux retraités, particulièrement des femmes, se situent en dessous de ces montants.

Le coût d’hébergement des maisons de retraite, du maintien à domicile ou des établissements d’hébergement pour personnes âgées en perte d’autonomie, dépasse largement le niveau des pensions perçues, obligeant à des hypothèques sur les résidences ou leur vente ou souvent l’activation de l’obligation alimentaire et financières auprès des descendants qui eux peinent aussi à cause du chômage et des situations précaires.

 

Ce sont les choix économiques libéraux privilégiant la recherche de profits immédiats qui provoquent le chômage, la précarité galopante, les bas salaires, et qui amputent les recettes de la sécurité sociale et des régimes de retraite complémentaire, et rognent significativement les pensions de retraite.

 

Le coût du capital pèse trop lourd sur l’ensemble du salariat, que ce soient les actifs ou les retraités.

Les retraités ont acquis des droits au prix d’engagement et de luttes sociales souvent éprouvantes. Ils ont droit à la reconnaissance. Leur pension de retraite est aussi le fruit de leur travail. Ils ont des droits que les jeunes générations devront défendre à leur tour dans un contexte lui aussi difficile s’il n’y a pas un parti politique qui prend cela en considération.

 

 

4- Agir pour le droit à la santé et à l’autonomie des retraités actuels et futurs

 

Depuis les années 1980 puis 1993, la liquidation des retraites s’opère sur la moyenne des 25 dernières années avec, pour conséquence, une forte dégradation du rapport entre la pension et le dernier salaire. En 2003, le gouvernement Fillon a décidé d’attaquer les régimes spéciaux et ceux de la fonction publique. A titre d’exemple, de 2003 à 2014, alors que le salaire moyen augmentait de 24,8 %, le SMIC de 32,6 %, les pensions n’ont progressé que de 17,9%. Les chiffres parlent d’eux mêmes.

 

La perte constante du pouvoir d’achat des pensions, entamée depuis bientôt plus de deux décennies, le blocage de toutes revalorisations de celles-ci au cours de ces dernières années, sont lourds de conséquences pour l’ensemble des retraités. Ils conduisent à une précarité accrue, voire à des drames dans certains cas.

 

La garantie d’une retraite égale, au moins, à 75 % du salaire de la meilleure période d’activité professionnelle, devient aujourd’hui une exigence incontournable. Cela éviterait d’inventer des aides pour cacher la réalité !

 

Loin de répondre à la gravité de cette situation et à cette légitime demande, les différents systèmes d’épargne retraite et autres placements financiers conduisent, à travers l’individualisation, à une rupture de la solidarité intergénérationnelle, à une marginalisation de la population retraitée.

Ces systèmes ne servent qu’à alimenter encore plus la sphère financière et boursière, tout comme les aides publiques données aux entreprises, dont 80 % vont dans les poches des actionnaires. Il devrait y avoir un suivi plus strict et des conditions à respecter.

 

Régimes complémentaires

Les retraites complémentaires Arrco et Agirc constituent une part importante et indispensable s’ajoutant au régime de base de la sécurité sociale. Aujourd’hui, cet ensemble est menacé. Il est mis en péril à court terme si vraiment rien ne change, notamment en raison d’un taux de chômage élevé, d’une précarité toujours plus grande et d’une politique des bas salaires privant le système de ressources. Pour les retraités, l’augmentation positive de la durée de la vie, l’aspiration légitime à obtenir une pension conforme à leurs besoins, imposent un prolongement, un financement à la hauteur de ces réalités.

 

L’indexation sur le prix rogne le pouvoir d’achat

Avec les réformes Balladur et Fillon, les pensions du public comme du privé sont indexées sur l’indice des prix à la consommation. Ce nouveau mode des pensions était censé garantir le pouvoir d’achat sur le long terme. Il n’en est rien, bien au contraire. Les dépenses contraintes (alimentation, logement, transport, santé, énergie, etc) pèsent de plus en plus lourd et concernent les augmentations de prix les plus importantes, ce qui rend l’indice INSEE inapproprié pour la revalorisation des pensions.

De plus, les structures de consommation ne sont pas les mêmes pour tous les retraités. Pour les pensions les plus faibles, les dépenses contraintes représentent 75 % du budget. Comment ces retraités peuvent-ils s’en sortir ? L’indexation des pensions sur l’indice des prix à la consommation ne garantit pas le niveau de vie des retraités. Face à la richesse produite, les retraités voient régulièrement leur pouvoir d’achat reculer.

 

Baisse du niveau de vie des retraités

Un grand nombre de retraités, surtout des femmes, sont durement touchés par les mesures d’austérité. Ils sont de plus en plus nombreux à solliciter des aides et à se retourner vers les association caritatives, ne pouvant plus se nourrir, se soigner, se loger décemment.

Quant à ceux qui touchent des retraites plus correctes, ils voient avec inquiétude leur pouvoir d’achat décliner d’année en année. Le niveau de vie des retraités baisse alors qu’il constitue une condition essentielle de leur bien-être économique et social. Ils participent à l’économie du pays.

 

La santé, notre bien le plus précieux

Le niveau des retraites, la baisse des remboursements de la sécurité sociale, les déserts médicaux, la réduction du nombre d’hôpitaux publics, le transfert d’activités lucratives au privé, les dépassements d’honoraires, éloignent les retraités de l’accès aux soins.

Les HPST (hôpital, patient, santé, territoire) de “ modernisation “ du système de santé et de financement de la sécurité sociale se traduisent par des suppressions de postes et fermetures de lits, de maternités et centres hospitaliers, et diminuent l’offre de soins en territoires de proximité.

 

L’ANI (accord national interprofessionnel) inscrit dans la loi de sécurisation de l’emploi, qui institue les contrats d’entreprise, a exclu les retraites et cassé la solidarité intergénérationnelle des complémentaires santé . Cela se traduit par une forte augmentation des cotisations, que certains retraités ne peuvent plus payer. L’objectif national de dépenses d’assurance maladie affaiblit considérablement l’offre de soins et les réponses aux besoins de santé des citoyens et, notamment, des salariés.

 

Cadre de vie : logement et transport

Le logement représente une dépense de plus en plus importante des revenus, que l’on soit locataire ou propriétaire. La garantie de disposer d’un logement est un droit fondamental, un élément majeur du bien-être et du vivre ensemble, de l’intégration et de la cohésion sociale dans notre société. Hélas, ce droit est bafoué comme tant d’autres. La loi de financement 2016 a modifié les conditions pour être bénéficiaire de l’APL (aide personnalisée au logement).

Auparavant, le calcul était fait en fonction des cotisations de ressources ou du montant du loyer. A partir du 1er octobre 2017, la modification prévoit en plus pour l’attribution des aides, la prise en compte de la valeur du patrimoine. Le coût du transport et, parfois, l’inadaptation du réseau, peuvent constituer également un obstacle pour permettre aux retraités d’accéder à une vie sociale, aux services publics, à la santé, aux loisirs.

 

5) Agir pour une bonne utilisation du numérique

 

Le numérique investit le monde du travail pour être appliqué dans l’objectif principal de rentabilité. Il a très vite débordé ce champ pour envahir le sphère privée. Il représente environ 5,5% du PIB. 1,5 million d’emplois sont liés à ce secteur. L’Etat a laissé le développement du numérique au secteur privé !

Actuellement, 51 % de la population possède un accès Internet contre 22 % en 2002. Dans ses débuts, il a été accepté comme un moyen facile, permettant un accès rapide à des services. Aujourd’hui, il a envahi notre quotidien dans tous les domaines. D’usagers nous devenons proactifs, nous effectuons les gestes et les missions à la place des salariés.

La Loi pour l’adaptation de la société au vieillissement a introduit la notion de Silver économie (économie liée au vieillissement). Cette économie investit tous les domaines : la sécurité des personnes (télé alarme, géolocalisation, etc), l’habitat (la maison intelligente), la santé (pilulier électronique, surveillance médicale à domicile), les loisirs, la culture, le lien social (visiophonie, télévision connectée).

Ceci dit, chaque technologie amène des questionnements, à savoir comment permettre à tous les retraités d’accéder à cette technologie quels que soient leurs finances et le territoire où ils habitent ?

Comment protéger les personnes âgées contre les agressions commerciales ?

Pour le bien de tous, le numérique doit apporter des réponses à des besoins spécifiques en matière d’habitat, santé, transports, loisirs. Il ne doit pas se substituer au lien social qui doit être préservé.

Les guichets physiques des administrations ou autres (transports) doivent être maintenus et développés. Des emplois qualifiés, de proximité (aides à domicile, soignants), doivent être créés.

Enfin le numérique doit être une réponse à des besoins réels, en qualité de service et de coût, et doit être accessible à tous pour ne pas concourir aux inégalités. Des inégalités qui grandissent de plus en plus.

 

Cet article est le 381ème paru sur le blog CiViQ - le 55ème, catégorie France

Gérard Beillard, adhérent CGT (retraités) et MRC 53

Gérard Beillard, adhérent CGT (retraités) et MRC 53

Publié dans France

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