Revenus agricoles 2014 en France : disparités et tendance à la baisse

Publié le par Michel Sorin

 

Fortes baisses en élevage porcin et en grande culture, hausse en viticulture

 

Avant d'évoquer les chiffres qui vont bientôt être publiés concernant les revenus des agriculteurs en 2015, prenons connaissance des revenus constatés officiellement en 2014 en France. Ils ont été présentés le 18 décembre 2015 sur le site d'expertise agricole Plein Champ.

Alors que les prévisions de revenu 2015 font couler beaucoup d’encre, les chiffres « quasi-définitifs » 2014 viennent seulement de sortir. Ils donnent une vision plus précise des revenus des agriculteurs français en 2014 avec une moyenne de 25.200 € par actif non salarié (subventions comprises). Les revenus des producteurs de porcs mais aussi de grandes cultures sont au plus bas.

Les observations du réseau d’information comptable agricole (RICA) confirment donc la stabilité d'ensemble des résultats en 2014 après la baisse marquée de 2013, avec un résultat courant par actif non salarié (RCAI par Utans) d’environ 25.000 euros en moyenne sur l'année.

Les écarts demeurent toutefois très élevés puisqu’un quart des exploitations dégage moins de 6.600€ par actif non salarié/an, et un quart plus de 34.500€/an par actif non salarié.

Les évolutions restent toujours contrastées selon les orientations : les résultats se sont nettement dégradés pour les exploitations spécialisées en grandes cultures et pour les éleveurs porcins, tandis que la conjoncture a été plus favorable pour les élevages d'ovins et de caprins et les exploitations viticoles.

Grandes cultures : baisse de 17,8 % du revenu

Les résultats des exploitations spécialisées en céréales, oléagineux et protéagineux (COP), très chahutés ces dernières années, poursuivent leur repli en 2014. « La diminution des charges d’approvisionnement, suite à la baisse des prix des intrants, ne permet pas de compenser les fortes baisses de prix (-15 % environ) ainsi que la baisse des subventions » analyse le service statistique du ministère.

L’excédent brut d’exploitation (EBE), indicateur des ressources dégagées par le processus de production, s’établit en 2014 à 53.100 € en moyenne par exploitation. Compte tenu du poids des amortissements, le RCAI moyen est de 18.700 € en 2014, soit 15.300 € par actif non salarié.

Ce niveau, bien que supérieur au point bas de 2009, est inférieur de 37 % au résultat moyen observé sur la période 2000-2005. La dégradation des résultats en 2014 est également marquée pour les exploitations spécialisées dans la production de plantes sarclées, de légumes de plein champ ou combinant diverses grandes cultures, du fait notamment des fortes baisses de prix des betteraves et des pommes de terre.

Forte baisse pour les éleveurs de porcs

L’année 2014 correspond également à très mauvaise année  les résultats par actif non salarié de 24.000 € en moyenne, demeure inférieur de 14 % au résultat moyen des cinq dernières années.pour les élevages porcins, dans un contexte de forte baisse du prix du porc. Le résultat courant avant impôt (RCAI) n’est que de 17.100 € en moyenne, soit 11.900 € par Utans. Ce niveau est proche des niveaux bas de 1988, 2002 ou encore 2007-2008. Pour les éleveurs de volailles,

Dans un contexte d’évolution favorable du prix du lait, les résultats des éleveurs laitiers sont en légère hausse en 2014 de 4%. Le RCAI par actif non salarié s’élève à 24.700 € en 2014, un niveau un peu au-dessus de la moyenne des 5 dernières années (+ 6 %).

Pour les éleveurs de bovins viande, la situation est relativement stable, avec un excédent brut d’exploitation de 48.200 € par exploitation, toujours l’un des plus bas niveaux par orientation. Le RCAI par Utans est de 18.300 € en 2014. Ce niveau, bien qu’un peu au-dessus du résultat moyen des 5 dernières années (+ 6 %), est inférieur de 21 % à la moyenne observée entre 2000 et 2005. Pour les éleveurs d’ovins ou de caprins, le RCAI par actif non salarié, de 18.400 €, est en hausse de 22,9%et retrouve son niveau de 2012.

Viticulture : les revenus les plus élevés mais de grandes disparités

Les exploitations viticoles ont, en moyenne, bénéficié en 2014 d’une hausse des prix de vente des vins. Leur EBE moyen s’établit à 92.100 € et le RCAI à 64.700 €. À 49.700 €, le RCAI par actif est le plus élevé de l’ensemble des orientations productives mais reste inférieur aux niveaux exceptionnellement hauts de 1998 et 1999. Les résultats sont toutefois très dispersés : alors que 25% des exploitants viticoles dégagent un revenu inférieur à 15.600 €, les 25 % avec les plus hauts résultats dégagent plus de 71.000 € par Utans, soit un rapport de 1 à 5.

En maraîchage en revanche, les résultats se dégradent en 2014, suite au repli des prix de nombreux produits. Le RCAI par Utans s’élève à 23.000 €. Quant aux exploitations fruitières, bien que la hausse des volumes vendus compense la baisse des prix de ventes, le RCAI diminue en partie du fait d’une hausse des charges de personnel et s’établit à 21.500.

 

Note : Les principaux indicateurs économiques commentés ici sont l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) et le résultat courant avant impôt (RCAI), par actif non salarié (Utans).

L’EBE correspond schématiquement à la différence entre la valeur de la production de l’année (vendue ou stockée) augmentée des subventions, à laquelle on retire les charges d’exploitations (consommations intermédiaires, charges de personnel, fermages). Le RCAI tient compte quant à lui d’une estimation de la dépréciation des actifs immobilisés (amortissements). Les impôts au titre des bénéfices ou des revenus d'activité, nets des éventuelles réductions ou crédits d'impôt, ne sont pas pris en compte.

 

Cet article est le 332ème paru sur le blog CiViQ et le 90ème, catégorie Agriculture Alimentation

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